Pascale B.
 
 
Pascale B 

  "Pascale BOUSS" est maintenant mon autre nom d'auteur
et j'ai intitulé mon nouveau  recueil :
" Petits messages d'Auvergne ".
Il peut être commandé auprès du site de
"The book edition" au prix de 9€.
Consulter le site :
"Petits messages d'Auvergne"

"Ce petit recueil réunit mes textes écrits pour Murol Terre Des Arts ;
on peut lire la plupart de ces courts récits sur ma page.
Le but n'est donc pas de vendre le plus possible d'ouvrages
mais de proposer l'ensemble des textes sous forme papier.
Certains lecteurs en seront peut-être contents."



Pascale B


Fromage fermier :
 Gestes calmes et précis de l’éleveur, odeurs fortes de l’étable : tout est rassurant pour les bêtes venues docilement offrir le lait de leur dernier repas. Un veau a suivi sa mère, il s’est couché à ses pieds malgré les bousculades des voisines de traite. Quelques chats suivent avec envie le va et vient de l’homme, espérant recevoir une part du précieux liquide ; ils ne ratent pas les gouttes échappées des tireuses même s’ils sont certains de recevoir leur part un peu plus tard. La quiétude du moment assure une production de qualité, la fabrication des tommes va pouvoir commencer.
De l’autre côté du mur, la fermière a déjà ajouté les levains, elle verse la présure dans la cuve fumante de lait chaud tandis que les vaches rejoignent leurs pâturages. Une odeur douceâtre et appétissante a envahi la petite pièce carrelée de blanc ; blanc comme les bottes et le tablier de la femme, blanc comme le liquide délicatement remué. Les vaches ont été généreuses, il ne faudrait pas en renverser.
La maîtresse des lieux se hâte lentement, prépare la vaisselle, les bandes de toile, les moules, s’assure de la propreté des lieux pendant que la masse onctueuse repose. Ça sent bon.
Je me serre dans un coin pour ne pas déranger, pour bien voir et je regrette de n’avoir pas apporté le bol qui m’aurait permis d’avaler goulument un peu de ce lait nourricier évocateur de délicieux souvenirs… La dame accueillante répond à mes questions, j’aime son calme, sa solidité et ses mains ! Des mains de labeur, fortes mais pourtant douces, appliquées, fermes et apaisantes.  Des mains façonnées par ce travail vital autant que charnel.
Les gestes qui vont suivre se passent de surveillance, pas de pointeuse à l’horizon, pas de chef pour pinailler, ici c’est la vie qui commande.
Le temps nécessaire a été respecté, les bras maternels et musclés brassent la masse crémeuse, jaugent le bon état du « cailler » qu’il va falloir trancher doucement pour former les grains  bien calibrés du fromage. Le travail se fait paisiblement, patiemment en un geste tranquille et régulier ; la matière est respectée car tout est lié : il en faut des prés, des vaches, des heures de travail par tous les temps pour recueillir le nectar immaculé !
J’éprouve un contentement inexprimable à regarder les doigts experts plonger dans la cuve, nager délicatement quelques instants avant d’attraper quelques grains et me les présenter. La masse blanche gélatineuse disparaît maintenant comme noyée dans un liquide translucide.
Il faut doucement prélever le petit lait ; longue opération…
La pâte lourde et déjà souple, presqu’élastique, apparaît enfin pour être pressée. Autrefois, on faisait cela avec les bras, comme le boulanger dans son pétrin, les poignets souffraient.
Une machine soulage heureusement ce travail pénible ; la femme prélève un morceau de pâte, le goûte, m’en tend un autre ; a-t-elle deviné que, moi aussi, j’avais envie de toucher, de savourer ?
Sans avoir besoin de peser, ses mains assurées attrapent une portion bien calibrée qu’elles pressent à leur tour. Reste à entoiler le fromage, à le saler au dessus de la tête de chèvre et à le fixer dans le moule armé d’une éclisse. Les fromages s’amoncellent avant de subir le pressage qui durera la nuit entière. Les tommes blanches seront plus tard confiées à un affineur avant de rejoindre notre assiette.
Depuis cette visite, je ne mange plus mon Saint-Nectaire comme avant : je le déguste. J’ai découvert le travail qu’il représente, les parfums, les ambiances, la vie qui ont présidé à sa fabrication. Je revois le fermier perdu dans l’immensité d’un magnifique paysage, agenouillé pour donner le biberon à un veau dont les pattes un peu tordues risquaient de compromettre le bon démarrage ; le « petitou » a fini par se lever tout seul grâce à la sagesse attentive de l’homme, la mère s’est approchée, la vraie vie a pu commencer.
Je pense à celle qui accomplit sa tâche matin et soir depuis de nombreuses années et qui m’a ouvert les portes de sa laiterie, tout simplement, pour partager.
Merci Dominique ! La part de fromage frais que vous m’avez donnée m’a permis de confectionner une brioche pas trop mal réussie si j’en crois certaines personnes de votre entourage qui ont bien voulu tester mon essai.
Je vous embrasse de tout mon cœur !
                                                                                                     Pascale.
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Amitié
On peut aimer de loin, on n’est pas obligé de se voir pour savoir que l’ami est vivant avec nous. D’où est-il venu ce lien si fort ? Pourquoi celui-ci, celle-là, rencontrés totalement par hasard se sont ils accordés à nos sentiments et puis ne nous ont plus jamais quittés même si la vie nous a physiquement séparés ?
Je sais que je peux l’appeler n’importe quand, chaque semaine ou après des années de silence, parce que je vais bien, parce que je vais mal ; la réponse ne manquera pas.
Evidemment, c’est la souffrance de l’autre qui nous réveille le mieux, on a besoin de le savoir heureux.
-Pourquoi ne m’as-tu pas prévenue plus tôt ?
-Je n’osais pas te déranger, depuis le temps…
Et nous voilà en larmes, chacune à un bout du téléphone car des chagrins couvaient et nous avions négligé l’oreille attentive capable de tout entendre. C’est le moment de se revoir et de reprendre l’histoire en sautant les pages trop vite écrites. On a bu du champagne, on a parlé jusqu’à plus soif avant de retourner à nos vies, rassasiées pour un temps par cette rassurante connivence. La bobine du lien n’a pas de fin.
Quand nous nous reverrons, dans trois jours, trois mois, trois ans, notre conversation reprendra là où nous l’avions interrompue, à la virgule près.
Si le destin me balance une nouvelle vilaine blessure, je n’attendrai plus dans mon coin, je demanderai le coup de cœur dont j’ai besoin. Nous rirons de nos cheveux blancs, de nos nouvelles rides et les deux adolescentes que nous étions repointeront le bout de leurs nez car, dans le fond, nous n’avons pas changé. Ces moments de présence nous baignent pour quelques heures dans un passé pas si lointain où nous débordions d’ardeur, où nous désirions refaire le monde.
Nos vies sont simples, sans fioritures mais elles sont belles parce que nous ne nous sommes jamais déçues malgré nos parcours parfois décousus.
Mon amie, je me suis construite avec toi, même quand tu n’étais pas là, tu en as fait autant de ton côté, nos antennes sont restées connectées. C’est beau l’amitié !
        
vous pouvez m'envoyer un e-mail à cette adresse :
pascaleb17@yahoo.fr



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